EXPO 1958 BRUXELLES

Catégorie
Exposition Universelle (Exposition de première catégorie)

Dates
17/04/1958 - 19/10/1958

Thème
Bilan pour un Monde plus Humain

Désignation Officielle
Exposition Universelle et Internationale de Bruxelles - Wereldtentoonstelling Brussel 1958

Superficie (ha)
200

Visiteurs
41 454 412

Participants
39


 

Le début d'une nouvelle ère

Enregistrée au cours de la 32e session de l’Assemblée Générale du BIE, le 05 novembre 1953, l’Expo 1958 Bruxelles ouvrit ses portes le 17 avril 1958 avec une inauguration solennelle par le roi Baudouin et les ferma le 19 octobre.

Organisée sur le thème « Un bilan du monde pour un monde plus humain », l’Exposition Universelle 1958 était placée sous le double signe de l’Humanisme et de la technique. Chaque participant y illustrait à la fois les progrès techniques accomplis et les résultats obtenus dans la recherche du bien-être de l’humanité. Dans ce contexte d’après-guerre, le roi Baudouin proclamait d’ailleurs dans son discours d’inauguration : « la technique ne suffit pas à faire une civilisation, elle exige un développement parallèle de nos conceptions morales ».

Le Heysel réinventé, Bruxelles transformée

L’Exposition, située sur le même emplacement que celle de 1935 entre le Palais du Centenaire et le château de Laeken, occupait désormais une superficie de 200 hectares. Fut ainsi ajouté le parc de Laeken avec la construction en béton préfabriqué et précontraint de la Grande Passerelle pour franchir la vallée. Les 45 000 m2 des Palais du Centenaire construits pour l’Exposition Universelle de 1935 furent réutilisés avec une nouvelle façade provisoire (par Jacques Dupuis) constellée d'étoiles et ornée d’une colombe de la paix. D’autres Palais dont le Palais n°7 de 10 000 m2 furent bâtis à cette occasion et complètent ce qui est aujourd’hui le Parc des Expositions de Bruxelles.

Des télésièges avec leurs 165 nacelles permettaient aux visiteurs de survoler l’ensemble du site. Des trains parcouraient les axes principaux et une immense passerelle en béton surplombait une grande partie du site.

Bruxelles vivait, quant à elle, ses plus grands changements ; de nombreuses voies furent élargies et de multiples modifications furent apportées aux systèmes de transports : jonction entre les deux gares principales de la ville, création de tunnels (Rogier, Stéphanie, Louise, Botanique), de viaducs, d’un héliport et d’autoroutes. A cette occasion, furent également construits au Mont des Arts, le Palais des Congrès (désormais appelé Square), la Galerie Ravenstein ou encore la Bibliothèque Albertine.

Coopération Mondiale et Section étrangère

Première Exposition Universelle de cette catégorie après la Seconde Guerre Mondiale, l’Exposition Universelle 1958 se voulait résolument tournée vers la coopération. Des Palais internationaux représentaient l’Art et la Science. Au sein du Palais international de l’Art, les visiteurs découvraient « 50 ans d’Art Moderne » tandis que la Palais de la Science exposait les résultats de la recherche scientifique dans les domaines de l’atome, du cristal, de la molécule et de la cellule vivante. Une cité de la Coopération Internationale fut également érigée, accueillant les Palais des Organisations Internationales ainsi qu’un Palais de la Coopération Mondiale pour faire face aux 4 grands défis de l’époque : le progrès démographique, l’alimentation, l’énergie et le transport.

Les nations étrangères étaient représentées sur l’ensemble du site ; les États-Unis, l’URSS, les Pays-Bas et la France disposaient chacun des plus grandes participations avec chacune une superficie de 25 000 m2. Alors que le pavillon de l’URSS présentait une réplique de son premier satellite artificiel, le Spoutnik et la niche de la chienne Laïka, le pavillon des États-Unis plongeait les visiteurs au sein de l’Amérique grâce à son « Circarama », composé de 12 caméras et 12 écrans formant un cercle complet. En ces temps de guerre froide, l’Exposition constituait un lieu de dialogue, où par exemple, pour la première fois depuis 1917, un chef d'État russe, le maréchal Vorochilov, se rendit en Occident et visita l’Exposition, passant une heure au sein du Pavillon des États-Unis.

Célébré pour son architecture comme pour ses activités, le pavillon de la Tchécoslovaquie s’illustrait quant à lui par la présentation d’une forme théâtrale expérimentale créée par le metteur en scène Alfréd Radok et l’architecte Josef Svoboda, la Lanterne Magique (Laterna magika), combinant film, danse, musique, ballet et pantomime.

Audace des œuvres architecturales

Placé sous le signe de l’Atome, l’Atomium, gigantesque modèle de la structure atomique d’un cristal élémentaire grossi 165 milliards de fois, dominait l’ensemble du site de ses 102 mètres de hauteur. Cet ensemble de 9 sphères, reliées entre elles par des tubes ajourés de 3 mètres de diamètre contenant un escalier mécanique, donnait accès aux musées atomiques, à l’exception de la dernière sphère qui accueillait un restaurant. Un ascenseur (le plus rapide du monde à l’époque : 18 km/h) conduisait 20 personnes en un clin d’œil au sommet.

La Flèche du Génie Civil, de l’architecte Jean Van Doosselaere, du sculpteur Jacques Moeschal et de l’ingénieur André Paduart, était une autre démonstration du savoir-faire du pays en matière d'architecture et d'utilisation des techniques modernes du béton. Elle permettait de soutenir une passerelle à partir de laquelle une carte géante de la Belgique en relief à l’échelle 1/35 000e pouvait être admirée.

Dans la section des Pays-Bas, en béton coulé sur des filins d’acier précontraints de 7 mm de diamètre et sur une épaisseur de 5 cm, le pavillon Philips, tel une tente métallique, construit par Le Corbusier et Iannis Xenakis, suscitait la curiosité de par son originalité architecturale et son intérieur. Les visiteurs y étaient à la fois charmés ou stupéfiés par le poème électronique d’Edgar Varèse, composition de sons organisés et auxquels se mêlaient images et jeux de couleurs.

Ces créations, recourant à l’oblique et aux courbes, à l’abandon des symétries monumentales et à l’introduction de formes décoratives au sein de nombreux pavillons seront à l’origine de ce qui sera appelé ensuite le « style 58 » dans le design, l’architecture et les arts.

Symbole d’une époque

L’Exposition fut le théâtre de plus de 450 congrès internationaux allant de la métaphysique à la chirurgie dentaire et réunissant près de 250 000 personnes. Elle nécessita plus de 60 millions d'heures de travail pour sa construction et réunit près de 42 millions de visiteurs dont un record (depuis battu) de 715 000 visiteurs en un jour.

La ville de Bruxelles fut transformée par l’événement qui laissa comme héritage architectural l’ensemble des Palais du Centenaire et ceux rajoutés à cette occasion, l’Atomium (rénové entièrement en 2006) ainsi que de nombreux pavillons reconvertis en Belgique comme à l’étranger. Ainsi le pavillon de l’Autriche (par Karl Schwanzer) est désormais un musée à Vienne (House 21), celui de la Tchécoslovaquie (par František Cubr, Josef Hrubý et Zdeněk Pokorný) est aujourd’hui à Prague. A quelques dizaines de mètres de l'Atomium, le pavillon du comptoir Tuillier a été reconverti en restaurant. Plusieurs bâtiments se retrouvent par ailleurs dans le parc d'Osseghem, dont le théâtre américain. D’autres pavillons déplacés en Belgique ont depuis des fonctions moins traditionnelles telles qu’une discothèque (Pavillon des chocolats Côte d’Or) à Willebroek, un hall de sports (Pavillon des Industries du bois) à Deurne, ou encore une école (Pavillon du Canada) à Genk.