EXPO 1873 VIENNE

Catégorie
Exposition Universelle

Dates
01/05/1873 - 31/10/1873

Thème
Culture et Education

Désignation Officielle
Weltaustellung 1873 in Wien

Superficie (ha)
233

Visiteurs
7 255 000

Participants
35


L'Exposition Universelle de Vienne fut inaugurée le 1er mai 1873 par le couple impérial et ferma ses portes le 31 octobre 1873. Cinquième Exposition Universelle après les Expositions de Londres (1851, 1862) et de Paris (1855, 1867), elle fut la première à se tenir au sein d’une ville germanophone. Elle réunit 35 pays et plus de 53 000 exposants au cœur du Prater autour du thème de la Culture et de l’Éducation.

Un projet de longue date

Dès les années 1850, l’Empire d’Autriche et les principaux acteurs économiques et industriels souhaitaient la tenue d’une Exposition Universelle. Après deux tentatives infructueuses en 1863 et 1866, les conditions nécessaires ne sont réunies qu'à la fin des années 1860. L’essor économique qui s'amorce après la naissance de l’Empire austro-hongrois en 1867, s'accompagne de la création de nombreuses sociétés, banques, assurances et entreprises de construction et crée ainsi des conditions favorables à la tenue de l’Exposition. L’année 1873, marquant le 25e anniversaire de l’accession au trône de François-Joseph, fut symboliquement retenue.

Le 24 mai 1870, le ministre du Commerce, Sisinio de Pretis, fut nommé en charge de l'organisation de l'Exposition. Une "Commission impériale d'exposition" composée de plus de 200 membres et dirigée par l'archiduc Rainer fut constituée. L’archiduc Charles-Louis, frère cadet de l’empereur, est nommé protecteur de l’exposition ; le baron von Schwarz-Senborn, précédemment commissaire autrichien pour les Expositions de Paris en 1855 et 1867 et de Londres en 1862, fut, quant à lui, nommé directeur général.

Rénovation urbaine et aménagement du Prater

De par l’organisation de l’Exposition Universelle et la volonté de transformer Vienne en ville cosmopolite, de nombreux projets de construction furent de fait étroitement liés à l'Exposition. La démolition des anciennes fortifications, la construction de la rocade, la fusion du centre-ville avec la banlieue, l'agrandissement et la modernisation des réseaux routier et ferroviaire ou la construction d'hôpitaux en faisaient partie, tout comme la régularisation du Danube et le réaménagement du Prater.

Deux cent trente hectares de cette ancienne réserve de chasse impériale, le Praterwald, entre le Danube et le canal du Danube, avaient été sélectionnés comme site de l’Exposition, soit une surface cinq fois plus grande que celle de l'Exposition Universelle de Paris de 1867 et douze fois plus grande que celle de Londres en 1862. Cet espace fut repensé et modernisé sous la direction du paysagiste Lothar Abel, tandis que Carl von Hasenauer était en charge de l’architecture. Architecte en chef de l'Exposition, ce dernier a façonné l'image globale du site en collaboration avec Gustav Gugitz, et les artistes responsables de la conception décorative, Josef von Storck et Ferdinand Laufberger, ainsi que l'ingénieur en chef Wilhelm von Engerth.

En raison de conditions météorologiques favorables, les travaux de construction progressèrent rapidement. Cependant, l'activité de construction s’accompagnait d'une grave pollution de l'environnement contre laquelle la presse s’éleva et qui commença à générer un climat de tension autour du projet. Le budget de 6 millions de florins initialement alloué à la préparation de l’Exposition dut être augmenté de 7 millions de florins supplémentaires en 1872, augurant d’un projet dont les conséquences pourraient aller au-delà du rayonnement positif escompté, malgré la richesse et la diversité de la participation internationale et des thèmes traités. Au moment de l’ouverture de l’Exposition, de nombreuses constructions - le site en comptait plus de 200 - devaient encore être terminées.


Le Palais de l’Industrie et la Rotonde

Parmi les 200 bâtiments individuels, l’édifice le plus important était le Palais de l’Industrie, avec ses 960 mètres de longueur et 205 mètres de largeur qui abritait plus de 1 000 « exposants », avec en son centre, la Rotonde, à l’époque le plus grand édifice couronné d’un dôme au monde, conçue par l'architecte naval écossais John Scott Russell. Son toit reposait sur 32 colonnes de fer. Une énorme couronne impériale en fer forgé doré, de quatre mètres de diamètre et pesant près de quatre tonnes, en ornait son sommet. Le « système de construction en arête de poisson » avec 16 galeries transversales permettait un éclairage latéral des salles d'exposition et la hauteur sous plafond offrait une ventilation adaptée. Trente-deux entrées et sorties sur les faces avant des galeries transversales et quatre puissants portails principaux permettaient d'accéder au Palais dont la superficie totale était de 7 hectares.

Malgré ses dimensions extraordinaires, la Rotonde fut le seul édifice principal dont la construction fut terminée à l’ouverture de l’Exposition. Initialement prévue pour accueillir des actes protocolaires, elle fut en fait utilisée à des fins d’expositions en raison du manque d’espace, où furent exposées les plus impressionnantes réalisations des États participants.

Le Pavillon de l’Empereur

Le Pavillon de l'Empereur devait être construit, équipé et meublé dans le but de pouvoir accueillir les hauts Dignitaires tout en rendant hommage à l’Empereur et à la grandeur de son Empire. Situé à droite de l’entrée principale du site (tandis qu’à gauche se tenait son pendant symétrique, le Pavillon du Jury), le Pavillon de l’Empereur se situait en biais par rapport au Palais de l’Industrie. Le 1er mai 1873, le Pavillon, comme d'autres édifices de l’Exposition, n'était pas terminé ; la remise solennelle à l’Empereur ne se fera que fin août. Conçu par Gustav Gugitz dans un style classique, il se composait d'une section centrale en saillie et de deux ailes latérales. Alors que la façade qui donnait sur la Rotonde offrait une image sobre, le côté faisant face au parc brillait de quatre colonnes corinthiennes. La presse s’émerveillait de cette construction qui réunissait tous les motifs architecturaux des grands bâtiments d'exposition et dont l'intérieur offrait non seulement des espaces pour réceptions, mais aussi une exposition d’objets de l'industrie et de l'art autrichiens, soigneusement sélectionnés.

Le « Pavillons des femmes »

Un « Pavillon des Femmes » mettait en valeur le travail des femmes avec des expositions créées et gérées par des femmes et rassemblait plus de 80 inventions brevetées. Les expositions présentèrent les réalisations et l'influence des femmes dans des domaines tels que l'industrie et les beaux-arts (sculpture sur bois, fabrication de meubles et poterie), articles de fantaisie (vêtements et tissage) et philanthropie, ainsi que philosophie, science, médecine, éducation et littérature. Par son aspect novateur et la diversité de ses présentations, ce Pavillon contribua au développement du mouvement féministe, encore à ses prémisses à l’époque.

Des thèmes et des participants

Si l’Exposition Universelle de Vienne, à l’instar des précédentes, regroupait de nombreux produits agricoles et industrielles, une attention particulière avait été portée ici à l’Éducation et à la Culture ; celles-ci constituant plus du tiers des 174 sections du catalogue de l’événement. La pédagogie se montrait, non seulement par son matériel, c’est-à-dire par ses livres, ses cartes, ses instruments, mais aussi par ses méthodes et ses règlements, illustrés au sein du « Pavillon de l’enfant » tout comme au sein des participations étrangères comme le modèle scolaire prussien ou l’école communale suédoise.

La participation étrangère était en effet importante, avec 35 pays participants, répartis de manière géographique tout au long du site, allant d'ouest en est. A l’ouest, les participants d’Amérique présentaient leurs machines à coudre, leurs stores, leurs machines à eau gazeuse, leurs pianos, etc. A l’est, le visiteur pouvait rencontrer successivement les participants de l'Égypte, de la Perse, de la Chine et du Japon. Ce dernier, avec plus de 6 000 réalisations exposées dont la reproduction d’un temple de Kyoto et un jardin, fut l’un des pays les plus prisés. Sa participation, la première au sein des Expositions depuis la restauration de Meiji, avait un double objectif ; d'une part, observer et étudier autant que possible les réalisations technologiques et sociales des pays occidentaux, d'autre part, de présenter le pays comme une puissance commerciale.

Un legs durable

Destinées à être éphémères, les constructions du site ne furent pas maintenues après l’Exposition à l’exception notable de la Rotonde, qui elle fut détruite dans un incendie en 1937. Quelques vestiges de l'événement sont néanmoins encore visibles au sein du Prater de Vienne de nos jours dont les « Pavillons des amateurs » qui abritaient à l’époque, en 1873 des objets d’arts de différents pays et le Konstantinsteg, le plus vieux pont de Vienne. L’Exposition Universelle fut aussi l’occasion de transformer la ville ; la première enceinte fit place au Ring et au Grand Boulevard de Vienne, le tramway prit place et des travaux corrigèrent le cours du Danube.

L’explosion des coûts, un krach boursier le 9 mai 1873 et l'épidémie de choléra à Vienne ne permirent pas à l'Exposition Universelle d’être un succès économique (avec un déficit de plus de 14 millions de florins, malgré les 4,2 millions de revenus) en dépit du nombre de visiteurs. Plus de 7,2 millions de visiteurs participèrent à ce voyage architectural autour du monde, où les pavillons orientaux et asiatiques inspirèrent de nouvelles tendances dans la mode, les arts décoratifs et l'art de vivre. En accueillant seize conférences internationales, elle constitua également les prémices de traités et accords internationaux tel que l’organisation du premier Congrès international de la propriété industrielle, première étape vers la signature en 1883 de la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle.